🏛️ Les origines antiques de la vigne en Beaujolais
L’histoire viticole de Fleurie trouve ses racines dans l’Antiquité. Dès le Ier siècle après J.-C., sous l’Empire romain, la culture de la vigne est introduite dans la région par les légions venues du sud. Le Beaujolais, situé à la croisée des voies commerciales gallo-romaines, devient rapidement une zone propice à l'implantation de vignes, notamment sur ses sols granitiques bien drainés, idéaux pour la culture du raisin. Les premiers vins étaient rudimentaires, mais ils ont jeté les bases d'une tradition viticole qui ne cessera de s’enrichir au fil des siècles.
🏰 Le Moyen Âge : un développement sous l'influence ecclésiastique
Au Moyen Âge, le vignoble de Fleurie bénéficie de l’influence des ordres religieux, notamment les abbayes bénédictines, qui jouent un rôle central dans l’amélioration des techniques de culture et de vinification. Les moines identifient très tôt les meilleures parcelles, les fameux "climats", et sélectionnent les cépages les plus adaptés aux terroirs. Le Gamay, alors introduit massivement dans la région après son bannissement de Bourgogne en 1395 par le duc Philippe le Hardi, trouve en Fleurie un environnement naturel parfait pour son épanouissement.
⚔️ De la Renaissance aux Temps modernes : consolidation et reconnaissance locale
Entre les XVe et XVIIIe siècles, la viticulture à Fleurie se renforce. Les vins produits dans le secteur gagnent en renommée sur les marchés locaux, notamment à Lyon, alors grand carrefour commercial. La bourgeoisie lyonnaise, séduite par la fraîcheur et la rondeur des vins du Beaujolais, devient l’un de leurs principaux relais d’expansion. Les négociants commencent à distinguer certaines origines plus qualitatives, parmi lesquelles les coteaux de Fleurie.
🌿 Le XIXᵉ siècle : crise, mutation et affirmation du terroir
Le XIXᵉ siècle est une période de contrastes pour Fleurie. Si la viticulture progresse au début du siècle, avec des exportations vers Paris et l'étranger, elle est ensuite frappée de plein fouet par la crise du phylloxéra à partir de 1875. Le vignoble est quasiment détruit. Il faut reconstituer les plantations avec des porte-greffes américains résistants, ce qui engendre une profonde mutation du paysage viticole. Cette crise pousse aussi les vignerons à affiner leur travail : meilleurs clones de Gamay, sélection parcellaire plus rigoureuse, amélioration progressive des pratiques culturales. C’est à partir de cette période que Fleurie commence véritablement à affirmer son identité propre au sein du Beaujolais.
📜 1936 : l'obtention officielle de l'AOC
L’année 1936 marque un tournant décisif : Fleurie obtient la reconnaissance officielle en Appellation d'Origine Contrôlée (AOC). Ce label vient consacrer des siècles d’efforts et de sélection. Il impose des règles précises sur l’aire de production, les méthodes de culture, les rendements, le cépage unique (Gamay) et le style des vins. La reconnaissance de Fleurie comme cru à part entière vient asseoir sa notoriété et garantit la qualité de ses vins auprès des amateurs du monde entier.
🌸 Fleurie aujourd'hui : entre tradition et modernité
Aujourd’hui, Fleurie reste fidèle à sa tradition d’élégance, mais sait aussi se réinventer. De nombreux vignerons pratiquent désormais des méthodes culturales respectueuses de l'environnement : agriculture biologique, biodynamie, travail des sols sans désherbants chimiques, vendanges manuelles, vinifications plus précises, parfois sans soufre ajouté. Les climats historiques comme La Madone, Les Moriers, ou Grille-Midi sont mis en lumière, offrant des cuvées parcellaires de grande expression. Fleurie est plus que jamais un cru vivant, vibrant, capable de produire des vins immédiats comme de véritables vins de garde pour les amateurs patients.
